Sarantsa Tsral la Lumière de la lune

Le soleil commençait à peine à teinter le ciel obscur quand les trois cavaliers arrivèrent au camp. Deux hommes étaient postés de chaque côté du chemin menant au campement. Au lendemain d'un nouveau pillage, une paix sinistre régnait sur les tentes et huttes temporaires. Les trois natifs descendirent de leur monture et s'approchèrent des gardes. Les hommes armés de lances reconnurent la jeune femme menant le petit contingent et la saluèrent à l'unisson. Ils s'écartèrent de leur chemin et ceux-ci pénétrèrent dans le camp. Très peu de guerriers se tenaient hors de leur tente. la plupart assoupis depuis peu suite à leur retour nocturne de pillage. La jeune femme se dirigea vers un homme affairé à nettoyer méticuleusement sa lance. Il la salua tout en arrêtant ce qu'il faisait pour lui consacrer toute son attention.

- Où se trouve la tente des guérriseurs ? Lui demanda-t-elle d'une voix douce, mais ferme.

Quelques huttes par-delà la forge au fond là-bas, l'homme empoigna sa lance et d'un geste assuré indiqua la direction demandée avec celle-ci.  

La femme le remercia d'une hôchement de tête et se dirigea vers l'endroit indiqué. Les deux autres hommes, aux visages marqués par le temps, lui emboitèrent le pas sans rien dire. Ils sillonnèrent à travers les huttes et arrivèrent à la la forge. Des épées courbées et lances de toutes tailles étaient entassées le long du chemin, attendant de recevoir les bons soins du forgeron. Cet homme, au dos courbé par le dur labeur d'une vie entière à façonner le métal, les observa s'approcher sans cesser de marteler l'épée sur laquelle il travaillait. La jeune femme regarda au loin puis se retourna vers les hommes l'escortant. Elle leur indiqua la tente des soigneurs plus en contrebas et sans dire un mot, elle continua à marcher. Ses compagnons s'exécutèrent et rapidement, elle sortit de leur champ de vision. À la regarder, on aurait pu la prendre pour le chef de clan, mais c'était son oncle, Buzan le loup des steppes qui était en charge de cette lourde responsabilité. Les yeux d'un bleu brillant, une chevelure noire mi-longue et les traits rappelant légèrement ceux de Buzan. Toutefois, la ressemblance s'arrêtait là. Car bien que leur lien de parenté fût évident au premier coup d'oeil, celle-ci n'avait pas cette fermeté, cette puissance que l'on pouvait ressentir en présence de son oncle. Dans son regard, pourtant si semblable à celui du Loup des Steppe, on y voyait un calme apaisant, un équilibre rassurant. La jeune femme reconnut au loin la hutte de son oncle érigée en hauteur. Lorsqu'elle y arriva, les deux hommes postés à l'entrée baissèrent légèrement les yeux en signe, non pas de soumission, mais de respect. Elle n'avait aucune autorité sur eux, mais son lien avec leur chef imposait un profond respect.

La jeune femme leur fit un signe de tête en guise de réponse et passa entre eux. Elle souleva la peau tendue couvrant l'entrée et pénétra à l'intérieur. Celle-ci parcourut la hutte du regard. Cette scène ne lui était que trop familière. Combien de fois déjà depuis son plus jeune âge s'était-elle rendue d'un pillage à un autre. Combien de fois déjà avait-elle vu cette scène sans pour autant ne jamais arriver à la trouver familière. Derrière la table où étaient entassés cartes et armes, Buzan lui tournait le dos, visiblement absorbé dans ses pensées. Sarantsa s'approcha tout en contournant la table pour faire finalement face à Buzan. Le loup se retourna à son tour puis martela sa poitrine de son poing. Sa nièce l'imita en couplant ce salut à un hôchement de tête respectueux.

"Des nouvelles d'Alagh et Sükh ?"

"Je leur ai donné l'ordre de surveiller l'avancée des Aquiloniens à la lisière de la fôret, ils devaient monter la garde, bien à l'abri des regards mais ils ne sont pas encore rentrés."

Buzan se contenta de souffler longuement par les narines tout en se laissant tomber de tout son poids au fond d'un siège.

"Les pillages de ces derniers jours nous ont permis de renflouer nos réserves de vivres, de quoi lever le camp dans les jours à venir et de subvenir aux besoins du clan pendant un moment."

Buzan se releva brusquement de son siège lorsque les gardes postés à l'entrée de sa tente y pénétrèrent suivit des éclaireurs. Le loup les regarda fixement, attendant avec impatience de connaitre la raison de cette intrusion.

Les deux hommes s'approchèrent tout en baissant la tête. Le plus grand des deux prit la parole. "Les soldats Aquiloniens  ont quittés leur campement." Il fit une pause et ajouta d'un ton grave "Tous !". Sarantsa se releva tout en observant avec intérêt les éclaireurs. On pouvait lire sur leur visage un mélange de crainte et de stupéfaction. Buzan respirait plus rapidement maintenant et regardait le sol, visiblement en train de réfléchir.

" Nous ne nous sommes que trop attardés ici, nous devons levons le camp au plus vite.."

Il se massa le front à l'aide de son index et de son pouce le temps d'un instant avant de relever le regard en direction de ses hommes.

"Faites passer le mot au clan, que chaques hommes, femmes et enfants soient prêts lorsque que le soleil commencera à grimper dans le ciel."  
 
Tous s'exécutèrent et en un instant, il ne resta plus que l'oncle et la nièce. Celle-ci se dirigea vers la sortie quand des cris résonnèrent en dehors de la hutte. Saransta se précipita à l'extérieur, le poing serré autour de la garde de son épée. Une fois dehors la jeune femme fut prise d'effroi devant le macabre spectacle qui se déroula sous ses yeux. Les sanglots des habitants du village se mélangèrent parmi les crépitements des huttes en feu et les cris de rage des combattants.

Elle se figea, ignorant de toute ses forces les lueurs des flammes qui dévoraient le campement autour d'elle. Les cris atroces glaçaient son sang jusqu'à ses os, des bribes de mémoire refaisait surface de manière saccadée, lui remémorant la terrile attaque qui a causé la mort de son père, il y a des années de cela.

Buzan surgit de l'entrée de la tente, vociférant de rage tout en chargeant, le bras tendu, faisant virevolter son arme au dessus de lui. Dans sa course, il heurta sa nièce au niveau de l'épaule, qui eut comme un effet cathartique, la tirant de son état de profonde torpeur.

Après quelques seconde, Sarantsa secoua frénétiquement la tête et emboîta immédiatement la pas, la rage au ventre et l'arme au poing, à son oncle qui s'était déjà rué dans la mêlée.


À l'aube, Sarantsa marchait, les mains liées par une corde rêche qui rappait sa peau fine. Attachée à la selle du cheval d'un des soldats, elle peinait à suivre la marche, piétinant les cadavres sous ses pieds.

Le vent était froid et l'odeur du sang insoutenable.

Une nuée de corps sans vie déchiquetés s'étendait devant Sarantsa, bon nombre de ses frères d'armes, ensevelis, défigurés.

"Accélère chienne !" cria le gros soldat en tirant sur la corde faisant tomber la jeune femme qui peina à se remettre sur ses pieds tout en pensant au long chemin qui lui restait à parcourir jusqu'à sa destination.

Le principe d'une fiche de personnage proposée ici est que ce soit complété.
Nous autorisons les joueurs à nous remettre leur BG, ou bien un autre détail... mais pas autant. Rectifie. Merci.